Juin 2016.
De temps en temps, me prend cette l’envie bizarre de rouler, rouler, rouler …
Un but vaguement défini, une envie d’ailleurs, de sortir des sentiers battus, des circuits organisés.
Dans ces cas-là, inutile de résister.
« L’important ce n’est pas la destination mais le voyage en lui-même ! »
(Bien cette phrase, j’ai dû la lire quelque part, sans me souvenir où !)
Et si j’allais voir la Mer …
Vite, une carte …
Le plus rapide serait de filer à l’Ouest, mais, sur ce coup-là, pas envie du plus rapide.
Le Sud alors, mais, bof bof, pas trop original.
Le Nord : Pas mal, mais, ce sera pour une prochaine fois.
Reste l’Est, en gardant le Cap sur le soleil levant, on doit bien trouver une Mer …
Rapidement, une destination s’impose d’elle-même.
Plutôt qu’un récit linéaire, je vous propose une série d’instantanés, de cartes postales, avec toute la subjectivité qui convient au simple promeneur.
Après quelques préparatifs, histoire de ne pas être dans la totale improvisation, le jour du Grand Départ arrive.
Traversée de l’Allemagne sans souci, étape en Autriche, dans un relais routier.
Autre arrêt en Hongrie : Dodo/Bains au Gellert à Budapest, faut bien vivre un peu sa vie.
Après deux jours et demi de (bonne) route, Roumanie en vue.
Plus qu’une frontière à traverser…
Bien que faisant partie de l’Union européenne, et contrairement à la Hongrie, la Roumanie ne fait pas partie de l’Espace Schengen.
Et, c’est là que l’on redécouvre le vrai sens du mot ‘Frontière’…
Imaginez des bâtisses de béton gris, des douaniers tatillons, de la poussière,
Plus d’une heure d’attente, entre minibus Moldaves, camions Biélorusses, gitans en pèlerinage, et businessman gominés qui font dans le trafic de Mercedes (et/ou autres choses)
Pas de doute, le voyage commence.
Pas de photo, vu la mine patibulaire, ou presque , de la Police omniprésente.
Les Églises du Maramures
La province, ‘Judet’ , comme ils disent, de Maramures, se situe au Nord-Ouest du pays.
Dans cette région de forêts, tout est en bois :
Les outils, les charrettes, mais aussi les maisons, les monuments,
Les Églises sont particulièrement renommées, et inscrites au Patrimoine
Elles passent pour être les plus hautes constructions possibles en bois ‘pur’ !
Les artisans maîtrisent à ce point leurs techniques que ces bâtiments sont assemblés sans le moindre clou, la moindre vis !
Au nord de la Région, en frontière de l’Ukraine, un endroit quelque peu ‘surprenant’ :
A Sighet, se trouve le Mémorial des victimes du Communisme.
Ceausescu, La Securitate , ça vous dit quelque chose ?
Ce musée aux petits airs d’Auschwitz retrace les heures sombres du pays ,
Des milliers de gens, toute l’élite de la Roumanie a disparu ici, au nom d’une certaine idéologie, à une époque pas si lointaine.
Brrrrrrrr
Les monastères du Neamt
Nous sommes maintenant au Nord Est du pays , du coté de la Moldavie
Ici, le monastère, c’est un incontournable, présents sur tous les prospectus publicitaires du pays.
Il y a les stars, qui attirent les bus de touristes, et tous les autres, disséminés dans la campagne.
Et, c’est vrai que c’est bien beau tout ça !
La tradition orthodoxe est très forte, et les monastères continuent de sortir de terre, toujours avec une grande unité architecturale : On construit, on décore, toujours de la même façon, depuis maintenant quelques siècles.
Le Delta du Danube
Bon, pour ne vous rien cacher, c’était un peu le but du voyage.
Sans nul doute souvenirs humides d’une adolescence baignée de littérature animalière.
Le Danube, plus grand fleuve D’Europe : 3000 kilomètres, à travers une dizaine de pays : l’Allemagne , l’Autriche , la Slovaquie , la Hongrie , la Croatie la Serbie la Bulgarie la Roumanie la Moldavie et l’Ukraine , avant de se jeter dans la mer Noire.
Un delta grand comme un département,
Pas de route pour visiter le delta du Danube.
Sur les quai de Tulcea, des pécheurs reconvertis proposent casse-croute, excursions et même nuitées en cabanes au milieu du delta, une expérience à vivre.
J’ai enfin pu y réaliser un de mes fantasmes : Observer dans leurs milieux naturel le fuligule morillon (Aythya fuligula ) et la rousserolle effarvatte ! (Acrocephalus scirpaceus)
Constantza
Station balnéaire sur la Mer Noire.
Mélange hétéroclite de constructions hideuses du temps des camarades, et parfum d’une autre époque, quand on savait vivre en Roumanie.
Le Casino, aujourd’hui à l’abandon, à faire fantasmer tous les urbexeurs.
Bucarest
Ce n’est pas exactement le genre de ville qui vient en tête quand on cherche une destination touristique.
Ce qui en fait tout l’intérêt !
Un micro quartier sympathique. Pour le reste une belle illustration de ce que peut produire la ‘Kamaraderie’ .
Par exemple, la ‘Maison du Peuple’
Versailles, à côté, c’est la cabane au fond du jardin !
Quelques chiffres :
Un million de m3 de marbre
45 000 m2 de surface au sol,
350 000 M2 de surface habitable
1 100 pièces .
Plus grand bâtiment en pierre jamais construit sur Terre, le délire absolu d’un dictateur mégalomaniaque.
La Transylvanie, les Carpates, Bran, Peles
Au Nord de Bucarest, c’est la Transylvanie, c’est Tintin au pays du Sceptre d’Ottokar.
A Bran, château qui aurait inspiré la légende de Vlad Tepes, alias Dracula .
Juste histoire de dire ‘J’y suis allé’,
Le site est pas mal, mais bien gâché par les marchand de souvenir pas toujours du meilleur goût.
Du style pals et autres instruments de torture en plastique bon marché, ça vaut son pesant de cacahuètes.
Un peu plus loin , une merveille d’architecture qui elle mérite vraiment le voyage : , le château de Peles. datant de la fin du 19ième .
Château de la famille Royale de Roumanie, ultra moderne pour l’époque,
Il a fort bien survécu à l’histoire chaotique de son pays.
Après avoir été à disposition du Conducator (Genie des Carpates et Danube de la pensée)
Il a été restitué aux descendants du dernier roi de Roumanie.
La Transafagaran
Quand vous googolisez ‘Plus belles routes du monde’ , vous tombez immanquablement sur cette route, classée N°1 par les allumés de Top Gear .
Rien à voir avec le Stelvio.
Ici, pas de camping-car Hollandais à à à la queue leu leu , pas de motos pilotées par des Allemands se croyant au Nurb’.
La route pour vous tout seul , plaisir égoïste, hummm, que c’est bon ça !!!
Et, quelle route !
Maintenant, si vous avez un peu de temps, êtes un peu curieux, il y a encore plus sauvage, plus paumé .
Par exemple, la « Transalpina »
Le genre de route où, si l’on tombe en panne, vaut mieux avoir prévu les provision pour la semaine !
Rubicabrak
Routes :
Selon les endroits, soit c’est du billard, soit de la piste de brousse.
Avec tous les intermédiaires :
La même route, signalée de la même façon sur les cartes, peut passer d’un extrême à l’autre, bien évidement sans le moindre panneau.
Toujours avoir un St Christophe dans la voiture. Vu d’ici, la pratique fait sourire, là bas, on comprend combien la chose est nécessaire !
L’essence : Elle est un poil moins chère que chez nous.
Par contre, hors de prix pour les locaux, le Smic Roumain étant à moins de 300 roros mensuels !
Les véhicules : Très hétéroclites. De la charrette à cheval, avec la matriochka derrière, à la berline Allemande du fiston qui a créé sa boite en France, qui a réussi, et tient à le faire savoir.
Dans la même cour de ferme, vont se côtoyer tous ces véhicules.
Le logement : Principalement chez l’habitant : Pour l’équivalent de 25 €, vous avez une chambre/SdB petit dej, très propre.
Et un proprio ravi de vous faire découvrir sa région.
Pas besoin de réserver à l’avance, même dans les coins reculés,
Le touriste étranger et individuel étant denrée rare, vous serez bien accueillis, toujours par un petit verre de tord boyau local ! (Palinka, Tuica…)
Les Roumains
Contrairement à leurs voisins Hongrois, Bulgares ou Ukrainiens, les Roumains sont de culture latine (Province de la Dacie !)
Ils ont tous un cousin, un fils en France, et vont vous le faire savoir, sans même leur demander !
Aucun problème d’insécurité, sur les endroits visités.
Mais bon, je n’ai pas testé les quartiers chauds de Bucarest.
Le seul moment ‘tendu’ que j’ai connu fut dans un taxi, qui voulait m’arnaquer, comme un voulgaire touriste !
Les Roms :
Surtout, ne pas confondre Roms et Roumains.
Le faire serait meilleur moyen de terminer en petit morceaux, façon appât pour les silures du Danube.
Les Roumains font preuve d’un racisme totalement décomplexé envers les Roms, je vous passe les détails sordides.
Au hasard d’un GPS éteint, on peut traverser leurs villages :
Des maisons en tôle ondulées, pas d’eau courante, l’égout au milieu de la rue, des fils électriques qui pendent partout.
Et, au bout du chemin, épaves de Fiat et 4×4 Mercedes flambants neufs !
Si vous avez vu le film ‘Borat’ : La scène du début, censée se passer au fin fond du Kazakhstan, a en fait été tournée en décors naturels dans un village Rom, en Roumanie !
Joséphine.
Pour conclure, un grand remerciement à mon moyen de locomotion.
Normal qu’elle ait droit à son petit paragraphe !
La route aurait pu tout aussi bien se faire en Clio, mais, bon…
Plus de 7000 kilomètres parcourus lors de ce voyage, et, pas le moindre souci, la moindre goutte de transpiration sur les sièges, la moindre goutte d’huile consommé, le moindre bidon de LDR .
Cerise sur la gâteau, une conso, affichée sur l’ODB de 7 litres/100, de liquide certes agricole et malodorant, mais ô combien plaisant à ma modeste bourse !
23 novembre 2020 at 12 h 08 min
Merci Anne-Sophie pour ce retour à une époque où on pouvait envisager voyager. D’ailleurs, je crois que Gai Matou a pris assez de notes pour en faire une prochaine sortie !
23 novembre 2020 at 19 h 54 min
Joli voyage et superbe reportage.
Merci le Matou !
28 novembre 2020 at 8 h 28 min
Merci excellent reportage.
J’aime bien : « L’important ce n’est pas la destination mais le voyage en lui-même ! »